Profession : pilote de port

À la rencontre de ces marins qui viennent en aide aux commandants de navires accostant à Marseille

À l’heure où la Cité phocéenne dort encore, les pilotes du port maritime révisent au service du pilotage de L’Estaque. À 6h15, dans moins d’une demi-heure, ils prendront la mer afin de rejoindre les trois bateaux de croisière qui doivent accoster ce matin. « Je vérifie les données de manière à être juste », confie Éric Baron.

Même s’il connaît les indications sur le bout des doigts, le pilote joue la carte de la prudence : « Il faut se méfier de la mémoire, plaisante-t-il. Je me remémore les distances et profondeurs » afin d’être fin prêt. C’est que ces pilotes, fleuron de la marine marchande, n’ont pas le droit à l’erreur. Le paquebot sur lequel va embarquer Éric, le Voyager of the seas, mesure 311 mètres de long, « le double de la hauteur de la tour CMA-CGM ». Il n’est même pas pensable que celui-ci puisse accrocher lors de son entrée.

Opération embarquement

Eric ne sera pas le seul à embarquer. Jean-Marc Brocco partira avec un pilote stagiaire sur le Costa Concordia. À son bord, plus de 3000 passagers. Et deux de plus dans quelques minutes. Julien, le pilotin, conduit les marins à bon port. Les navires sont à une dizaine de kilomètres de la côte.

Par chance, la mer est calme aujourd’hui. L’embarquement devrait se faire sans encombre. La pilotine est au niveau du paquebot et l’équipage a ouvert sa porte. Pendue, une échelle de bois tangue au rythme du bateau. Les pilotes s’y accrochent et disparaissent dans le monstre flottant. Un épisode dangereux, durant lequel un de leur collègue a perdu une jambe, écrasée entre les deux embarcations.

À l’intérieur du Costa, Jean-Marc est présenté au commandant. S’en suit une discussion sur la manière d’exécuter la manoeuvre d’accostage. Si Jean-Marc devient à cet instant le « conseil du capitaine », il ne touchera en aucun cas à la barre: « le commandant garde le contrôle, à moi de l’assister en guidant le barreur ». Un réel travail d’équipe se met alors en place.

« Le guider, c’est presque plus difficile, avoue Eric. Cela implique d’être capable de convaincre le commandant sans créer de tension ». Il faut alors user de tact et de délicatesse pour ne froisser personne. « Nous entretenons des rapports privilégiés avec les commandants, ajoute Éric. À bord, c’est le maître après Dieu. Nous n’avons pas ce problème hiérarchique. Il nous arrive donc de créer de véritables liens amicaux. Un capitaine grec m’a même invité à passer des vacances chez lui ! »

Pour éviter tout souci de compréhension, le pilote communique en anglais avec les autorités du navire. « Même si nous savons donner les ordres techniques en plusieurs langues », insiste Jean-Marc. « Mais comme on peut avoir un commandant italien et un barreur philippin, il est plus simple d’utiliser l’anglais ! » L’accostage terminé, les pilotes peuvent retourner dans leurs appartements de l’Estaque. En attendant la prochaine grande manoeuvre.

Par Émilie Davy ( locale@laprovence-presse.fr )

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Publié dans Médias