Cour des comptes Rapport public annuel 2011 – Le Grand port maritime de Marseille

De réels avantages comparatifs

Le grand port maritime de Marseille (GPMM) est, dans la pratique, composé de deux ports distants de plus de 50 km : à l’est, les bassins de Marseille, localisés dans la ville et s’étendant sur 400 hectares ; à l’ouest, le port de Fos, fer de lance d’une zone industrialo-portuaire, s’étendant sur près de 10 000 hectares.

L’activité de ces deux ports n’est pas comparable : en 2008, Fos a traité un trafic onze fois plus important que Marseille et près de trois fois plus important hors hydrocarbures. Il a réalisé, la même année, un chiffre d’affaires trois fois supérieur à celui de Marseille et légèrement supérieur hors hydrocarbures. En revanche, le port de Marseille est très actif dans le secteur « passagers », avec un trafic de plus de 2 millions de voyageurs en 2008.

Le GPMM ne manque pas d’avantages comparatifs face à ses principaux concurrents européens :

1/ Il est plutôt bien situé sur la route maritime reliant l’Asie à l’Europe par le canal de Suez. Son projet stratégique ne manque d’ailleurs pas de souligner qu’en y faisant escale plutôt qu’à Rotterdam, un navire gagne cinq jours.

2/ Le coût du passage d’un navire n’y est pas particulièrement élevé, par comparaison avec ses principaux concurrents. En 2007, Marseille se situait, par exemple, à la neuvième place (sur un classement de douze ports européens, par ordre décroissant de coûts110) pour le coût du passage portuaire d’un porte-conteneur de 8500 EVP (« équivalent vingt pieds ») : celui-ci s’élevait à 272 000 € à Fos contre 504 000 € à Hambourg et 332 000 € à Barcelone. Seuls, la Spezia, Gênes (246 000 €) et Zeebrugge étaient plus attractifs. Le passage portuaire coûtait entre 1,5 et 2 fois plus cher dans les ports allemands de Brême et de Hambourg, un quart de plus au Havre et à Anvers, environ un cinquième de plus à Rotterdam et Barcelone. En Méditerranée, le GPMM se situait entre les ports espagnols, plus coûteux, et les ports italiens, dont le tarif était environ 10 % moins élevé.

3/ Le GPMM est l’un des ports les plus faciles, sinon le plus facile, d’accès en Europe. La part du coût du chenalage et du pilotage dans le coût global du passage portuaire d’un porte-conteneurs s’élève à 8,1 % dans le GPMM, contre 33,5 % à Anvers, par exemple.

4/ Il est desservi, à Fos et à Lavera, par un réseau d’oléoducs à vocation européenne, qui lui confère une place privilégiée dans le secteur des hydrocarbures.

5/ Enfin, il n’est pas « coincé » entre la mer et la montagne, comme peuvent l’être les ports de Gênes ou de Trieste, car il dispose de vastes réserves foncières à Fos. Cet atout doit, certes, être relativisé, compte tenu des contraintes environnementales croissantes pesant sur cet espace, dont un tiers a été classé en « espaces naturels et agricoles » et dont le reste est soumis à des normes de plus en plus restrictives pour son aménagement.

Share on FacebookEmail this to someoneShare on Google+Tweet about this on Twitter
Publié dans Médias