La Provence: un simulateur qui reproduit même le mal de mer !

D’un réalisme époustouflant, il équipe depuis peu les pilotes du port

Douze écrans géants fournissent au pilote une vision panoramique sur 240º. Le port de Marseille et ses approches maritimes y sont reconstitués avec une précision étonnante.

« Barre à droite, 15 », annonce une voix. D’abord lentement puis de plus en plus vite, le nez du petit cargo chimiquier balaye l’horizon. Sur la passerelle, le stagiaire n’en croit pas ses yeux. Quelques minutes ont suffi pour qu’il perde ses repères de terrien. Le sol semble se dérober sous ses pieds et voilà que son corps s’incline, presque malgré lui, cherchant à compenser une gîte qui pourtant n’existe pas.

Ni la gîte, ni le chimiquier, ni même la mer; et pour cause, toute la scène se déroule dans l’entresol d’un immeuble du centre-ville… D’un réalisme époustouflant, le simulateur de manoeuvre dont viennent de s’équiper les pilotes du port de Marseille-Fos a laissé pantois tous ceux qui l’ont testé hier, lors de sa présentation officielle. Un investissement très lourd – près de 460 000 euros – pour le petit syndicat professionnel que préside Patrice Payan mais qui donne une tout autre dimension à la formation de ses membres.

Encadrés par un instructeur, les 50pilotes marseillais vont en effet s’y succéder pendant quatre jours pleins, chaque année, soit 96heures de cours. « Nous disposons d’une expertise que nous transmettons de génération en génération en nous appuyant sur la force de l’exemple,explique Éric Baron, pilote du port et enseignant à l’école nationale de la marine marchande de Marseille. Car dans ce métier, il n’existe pas de manoeuvre type, fondée sur des automatismes. Tout repose sur l’anticipation et la coordination de l’équipe présente à la passerelle. Avec ce simulateur, nous pouvons travailler la cohérence de nos actions, étudier la pertinence du choix d’une « porte de sortie » pour se tirer d’affaire en cas de pépin, ou rejouer un événement en évaluant la part du facteur humain. »

Conçu à Saint-Pétersbourg par la société russe Transas, le simulateur intègre des mesures expérimentales réalisées dans un bassin de carène, mais également des données militaires déclassifiées portant notamment sur le fonctionnement et l’effet des hélices. Son logiciel a ensuite été spécialement développé pour la cité phocéenne.

Près de 30 000 photos ont ainsi été nécessaires pour reproduire dans leurs moindres détails les deux bassins de Marseille et de Fos ainsi que leurs approches maritimes entre La Ciotat et le Rhône, y compris la remontée du fleuve jusqu’en Arles ! Quant à sa base de donnée, elle comporte pas moins de 70 navires représentatifs de la flotte mondiale, du petit remorqueur de 20mètres jusqu’aux porte-avions nucléaires et autres porte-conteneurs géants de 400m de long.

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Publié dans Médias