Quelques jours après Jean-Claude Gaudin, Michel Sapin est venu rendre visite, hier, aux pilotes dans leurs locaux rénovés du quai du Port.
Et comme le maire de Marseille avant lui. le ministre du Travail a pu s’essayer à la manœuvre d’un paquebot de croisières grâce au puissant simulateur de navigation dont disposent ces marins confirmés. L’occasion pour l’un et l’autre de constater l’étroitesse de la passe Nord du Grand port maritime et la nécessité impérieuse de l’élargir afin de permettre aux plus grands navires de l’emprunter par vent fort.
L’occasion aussi pour le président de la station de Marseille, Jean-Philippe Salducci, et son secrétaire général Jean-François Suhas, de présenter à leurs hôtes les spécificités du métier de pilote, son évolution récente et les défis qu’il devra relever. Des pilotes dont la mission est d’accompagner, guider et conseiller les commandants de navires dans leurs manœuvres d’entrée et de sortie du
port.
Après cinq années consécutives de baisse au rythme impressionnant de 5% par an, le nombre de navires reçus dans les bassins de Marseille et de Fos a connu une stabilisation bienvenue en 2013. Résultat fragile acquis notamment grâce à la poursuite de la progression des escales de paquebots de croisière dans les bassins Est et au rebond de l’activité aux terminaux de Fos.
La station de pilotage a cependant dû se restructurer en profondeur. Contrainte de fermer son site de l’Estaque, elle a regroupé ses activités opérationnelles sur l’archipel du Frioul, à
l’intérieur de la fameuse maison en forme de navire, et réuni sa direction ainsi que ses services administratifs sur le Vieux-Port. Le Lacydon où la station a installé son siège et son
simulateur dans un immeuble Pouillon – le seul parmi tous ceux reconstruit en 1942 à disposer d’une ouverture latérale – et le ponton flottant Phocée où sont entretenues toutes les pilotines.
Après une réduction de ses effectifs qui s’est traduite par une quinzaine de départs non remplacés, le service emploie actuellement 120 personnes dont 47 pilotes, tous anciens navigateurs au long cours.
Le simulateur de navigation de la station du Vieux-Port constitue un outil incomparable pour maintenir le haut niveau de compétence des pilotes marseillais.
A l’issue de sa visite. le maire a salué la décision récente de l’École nationale supérieure maritime d’où est issue la plupart des pilotes, de conforter son implantation phocéenne.
I1 a également assuré ses hôtes de sa détermination à user de toute son influence pour préserver l’activité de la SNCM, source importante de revenus pour la place phocéenne et ses pilotes en particulier. Quant à Michel Sapin, il a rendu hommage à la clairvoyance de ces derniers alors que s’annonçaient des temps difficiles ; un sens de l’anticipation qui selon le ministre doit
servir d’exemple à toutes les entreprises car en favorisant les mesures de chômage partiel, les pilotes ont non seulement évité des licenciements « secs » mais également mis à profit ce temps pour se former encore davantage.
Pour leur part, les pilotes se sont déclarés plutôt satisfaits des premières ébauches du texte en cours de rédaction au niveau européen concernant la prochaine libéralisation des services portuaires ; le fruit d’un lobbying efficace alors que les professionnels marseillais redoutaient le pire.
PH.G LA PROVENCE
