L’Histoire

Depuis 500 ans, les Autorités Publiques en charge des questions de sécurité portuaires n’ont jamais dévié.
Elles confient aux pilotes la mission d’assurer la conduite des navires à l’entrée et la sortie des rades, chenaux et ports.
Les pilotes maritimes sont des officiers de la marine marchande titulaires des brevets de commandement au plus haut niveau. Le doyen Ripert a écrit qu’ils sont les plus anciens personnages dont nous parle le droit maritime. Les présenter impose donc un saut dans l’histoire. On découvre ainsi que les premières expéditions maritimes ont été réalisées grâce à l’aptitude à la conduite des navires de spécialistes de l’astronomie et des sciences de la mer. Chargé de la seule navigation, le pilote hauturier assiste déjà le capitaine du navire, en général commerçant ou chef de guerre. Dès la fin du XVe siècle, le développement des échanges commerciaux, consécutif à l’ouverture de nouvelles voies maritimes vers l’Afrique, les Indes et les Amériques, impose la création d’un corps de spécialistes de la navigation côtière et fluviale : les pilotes lamaneurs, « pilote pris sur les lieux comme connaissant les pas et dangers desquels le pilote du navire n’a pas notice ». En France, pour sauvegarder la sécurité des ports et des navires, le recours aux services de ce dernier devient une obligation en 1551 sous le règne d’Henri II. Les droits et les devoirs des pilotes lamaneurs seront alors régulièrement codifiés et conduisent finalement à une organisation monopolistique contrôlée par l’Etat qui en fixe les règles, vérifie les compétences, organise le recrutement et décide les tarifs du pilotage. Aujourd’hui la quasi-totalité du commerce mondial transite par la mer et malgré les progrès de la technologie, en particulier dans le domaine des aides électroniques à la navigation, le besoin de pilotage existe encore dans tous les ports du monde. En effet, l’importance des enjeux commerciaux liés au gigantisme croissant des navires et l’attention constante portée à la protection de l’environnement imposent une prise en compte accrue de la sécurité du trafic portuaire et des manœuvres.

La station de Marseille en quelques lignes.

C’est le 12 décembre 1806, en pleine campagne de Prusse, après les victoires d’Iena et d’Austerlitz et auréolé de gloire, que Napoléon signe à POSEN un décret contenant les règlements sur le service du pilotage. Ce décret s’inspire largement des textes antérieurs. Il jette les bases du pilotage actuel. L’obligation du pilotage est généralisée à tous le navires de plus de 80 tonneaux. C’est par une délibération du 20 juin 1807 que la Chambre et le Tribunal de Commerce ont approuvé les propositions de Monsieur BLESCHAMP, chef de la Marine à Marseille, pour l’application au port de Marseille du décret impérial du 12 décembre 1806.

Un concours pour le recrutement de 12 pilotes lamaneurs est ouvert le 5 octobre 1807 par affichage d’un Avis signé du Chef de la Marine chargé de l’inscription maritime, en date du 22 septembre 1807. Ce concours donne naissance à la corporation de pilotes de Marseille qui étendra progressivement par la suite ses compétences dans le Golfe de Fos. Les bateaux pilotes étaient la propriété du comte AGNEL DE BOURBON qui les louait aux pilotes par l’intermédiaire d’une commission administrative chargée de gérer la station de pilotage. Quatre bateaux pilotes croisaient dans les approches des rades Sud et Nord de Marseille et au large de l’Anse des Laurons pour Port de Bouc et le Golfe de Fos. Ces bateaux, à voile latine, étaient armés par un patron, trois pilotes, un aspirant et un mousse.

Les îles de Riou, Maïre, Pomègues et Ratonneau constituaient des abris naturels permettant aux bateaux pilotes de stationner au large par tous les temps. Les pilotes pouvaient ainsi, à l’abri des îles, servir les navires dans les meilleures conditions et quelque soit le temps.

Dans le port de Marseille, les pilotes étaient en communauté d’intérêts. C’était la seule station de pilotage en France qui avait instauré le système de la bourse commune dès l’application du décret de 1806. Les pilotes ne se faisaient pas concurrence comme dans les ports du Nord. Le service du pilotage s’en trouvait ainsi plus sûr et plus efficace.

La station de Port de Bouc est créée le 26 juillet 1827 par une ordonnance royale de Charles X.

A partir de 1830, l’arrivée des navires à vapeur va entraîner une croissance importante du trafic qui est de 6000 navires en moyenne de 1830 à 1832.

La Chambre de Commerce vota en janvier 1830 les projets de creusement du bassin du carénage et d’un nouveau port à la Joliette.

Sous l’impulsion de Monsieur d’HEUREUX, Administrateur de la Marine ayant remplacé Monsieur BLESCHAMP et Président de la Commission administrative, les pilotes rachetèrent en 1845 au comte AGNEL DE BOURBON, douze bateaux pilotes. Ce rachat constitue une étape importante dans l’histoire de la station. Il s’agit d’une avancée sans précédent dans les autres stations de pilotage, où les pilotes attendront pour le plupart la loi de 1928.

Le bassin de la Joliette, inauguré en 1853, se révéla immédiatement insuffisant pour contenir la progression du trafic. Par la suite, avec l’ouverture du canal de Suez, le port ne va cesser de s’agrandir vers le nord. Le pilotage s’adaptera à ces évolutions et consolidera son organisation.

En 1869, avec l’ouverture du Canal de Suez, Marseille s’ouvrait sur le monde et la voile disparaissait au profit de la vapeur. Le pilotage avait construit son premier bateau pilote à vapeur. C’était un petit remorqueur qui s’appelait HORTENSE.

Le régime du pilotage va être réformé en 1928 sous la double impulsion du député maire de Marseille Henri TASSO et du pilote François MAS. La modernisation du pilotage va surtout toucher son mode de gestion avec la création du Syndicat Professionnel des Pilotes.

La loi du 28 mars 1928 aura atteint ses objectifs de compétitivité puisqu’elle aura contribué à une gestion plus productive des stations de pilotage tout en maintenant les exigences de sécurité du service public. Cette loi novatrice a été plusieurs fois modifiée depuis, mais constitue encore aujourd’hui le socle législatif de la profession.

Le pilotage va payer son lourd tribut à la guerre de 1935-1945. Destructions massives des installations portuaires et des navires. Le port devient un champ d’épaves. Un grand nombre de pilotes en âge de combattre ont rejoint les Forces Navales Françaises Libres ou la Résistance. Il n’y a pratiquement plus de service de pilotage. Seuls quelques pilotes anciens mobilisés sur place assurent encore le service sous la direction du Commandant de la Marine, le matériel naval ayant été réquisitionné. Un immense effort de reconstruction du port et des flottes s’imposera après la libération. Le pilotage va reconstituer son matériel. Dès 1950, le port atteint les niveaux de trafic d’avant guerre. Le service du pilotage renaît. Un bateau pilote de 35 mètres, le CANOUBIER, est construit. Ce navire mouillé dans l’Anse de Saumaty servira de base flottante. Il sera remplacé quelques années plus tard par une maison acquise à l’Estaque et disposant d’une vigie. Les maisons du Frioul et de Port de Bouc seront édifiées dans les années 50. Dans le Vieux Port, le navire PHOCEE, amarré quai de Saint Jean, servira de base d’entretien du matériel. Après la reconstruction des immeubles du quai du port, le siège de la station s’établira au 1 rue Henri Tasso en guise de clin d’œil au député maire de Marseille qui, en 1928, fut rapporteur de la loi sur le pilotage. Par décret du 25 mars 1966, le Port Autonome de Marseille, établissement public, est créé et prend le relais de la Chambre de Commerce. Son premier président sera le pilote Léon BETOUS qui oeuvrait déjà comme président de la Chambre de Commerce au développement du port de Fos. La darse I porte son nom. Depuis cette époque, le port de Fos n’a cessé de se développer. Les pilotes ont largement accompagné ce développement par leurs efforts et les nouvelles techniques de pilotage mises en oeuvre. En 2001, c’est encore un pilote, Jacques TRUAU, qui préside à nouveau aux destinées du PAM et qui est le principal artisan de l’essor de la Croisière à Marseille. Depuis 1807, les traditions du pilotage faites de courage, de dévouement et de solidarité au service des armateurs et du port se sont perpétuées. Aujourd’hui les pilotes  en sont toujours imprégnés et ont la même ambition pour le port de Marseille-Fos que leurs anciens.

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