Un porte-conteneurs géant dans les bassins phocéens

Une vedette de la station de pilotage de Marseille devant le CMA CGM Jules Verne (RENE ROSSI)

On n’avait pas vu de si grand navire dans les bassins de Marseille depuis les pétroliers géants Batillus et Bellamya, livrés en 1976 par les chantiers nazairiens et venus par la suite dans le port phocéen pour des arrêts techniques. Hier, le CMA CGM Jules Verne, nouveau navire amiral de CMA CGM, d’une capacité de plus 16.000 EVP (Equivalent Vingt Pieds, taille standard du conteneur), a franchi la passe nord en vue de son inauguration, qui se déroule aujourd’hui en présence du président de la République. Partageant avec ses deux sisterships, les CMA CGM Marco Polo (novembre 2012) et CMA CGM Alexander von Humboldt (avril 2013) le titre de plus gros porte-conteneurs du monde, le dernier-né de la flotte du groupe français, numéro 3 mondial du transport maritime conteneurisé, est aussi le plus grand vaisseau battant pavillon tricolore, avec Marseille pour port d’attache. C’est donc tout naturellement que CMA CGM a choisi d’y organiser son inauguration officielle, qui coïncide avec le 35ème anniversaire de l’armement, dont le siège surplombe le port provençal. Pour immortaliser l’évènement, une série de photos a d’ailleurs été prise hier devant la tour du groupe avec non seulement le CMA CGM Jules, Verne, mais aussi le CMA CGM Lyra (11.400 EVP), venu spécialement pour l’occasion avant de partir vers Fos.

Le CMA CGM Jules Verne arrivant à Marseille (© CMA CGM)

« Une manoeuvre exceptionnelle »


Faire venir le CMA CGM Jules Verne dans les bassins de Marseille, et non au terminal conteneurs de Fos-sur-Mer, adapté à l’accueil des grands navires de ce type, est un véritable évènement. Une opération qui nécessite beaucoup de précision dans la manoeuvre compte tenu des mensurations de ce gros bébé : 396 mètres de long pour 53.6 mètres de large. Hier, c’est François Alessandri, de la station de pilotage de Marseille, qui était aux commandes du CMA CGM Jules Verne. « C’est une manoeuvre exceptionnelle car les bassins de Marseille ne sont pas prévus pour des bateaux de cette taille, conçus pour de grandes darses. Cela demande beaucoup d’attention, de précaution, notamment dans la gestion de la vitesse », explique le pilote marseillais. Toutefois, comme ses collègues, François Alessandri est habitué à gérer de très grands navires. « Cela fait partie de notre métier, nous travaillons sur des pétroliers de 400 mètres et des porte-conteneurs de 360/370 mètres à Fos, ainsi que des paquebots de plus de 330 mètres à Marseille, où l’on rentre même, régulièrement, des porte-avions américains ».


Le CMA CGM Jules Verne vu d’une pilotine de la station de Marseille (© RENE ROSSI)

Tirant d’eau réduit pour accéder au poste 163 Malgré tout, il s’agissait hier de faire évoluer un géant dans un environnement plus réduit que les grands terminaux de Fos, en prenant garde aux digues ou encore au vent, notamment pour le franchissement de la passe nord, mais aussi aux fonds. Alors que le tirant d’eau du CMA CGM Jules Verne peut atteindre 16 mètres, pour entrer à Marseille, le navire, en provenance d’Asie, a été obligé de décharger des conteneurs à Malte afin que sa quille ne soit qu’à 13.5 mètres sous l’eau. Malgré ce tirant d’eau réduit, seul le poste 163, sur le môle Léon Gourret, faisant face à Mourepiane, est en mesure d’accueillir le mastodonte. La profondeur y est en effet plus grande car ce quai servait à l’origine à la réparation à flot des supertankers. Le CMA CGM Jules Verne s’est donc directement rendu à ce poste, tribord à quai, et sortira demain soir en marche arrière, le bassin de Mourepiane étant suffisamment large pour que le porte-conteneurs évite, mais ne dispose pas, sur toute sa surface, des fonds requis pour une telle manoeuvre.

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Publié dans Médias